La nouvelle directive CSRD sur le reporting de durabilité des sociétés
De la directive NFRD vers la CSRD : de nouveaux objectifs pour les entreprises européennes.
De la directive NFRD vers la CSRD : de nouveaux objectifs pour les entreprises européennes.
Dans un contexte où la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) prend une place prépondérante, l'Union européenne a renforcé ses exigences en matière de reporting de durabilité. La directive européenne NFRD, jusqu’à maintenant en vigueur, a cédé sa place à la nouvelle directive "CSRD" (Corporate Sustainability Reporting Directive). Cette dernière a pour ambition de redéfinir les standards en matière de transparence et de performance extra-financière des sociétés européennes. Depuis le 1er janvier 2024, la CSRD est progressivement mise en place, apportant de nouveaux objectifs et défis pour les entreprises concernées. Un des avantages significatifs de cette directive est son potentiel à favoriser un avantage financier pour les entreprises en permettant une réorientation des capitaux vers des projets plus durables, encouragée par la transparence accrue et la fiabilité des informations de durabilité reportées. Cet article vous propose de découvrir les tenants et aboutissants de cette directive, ses fondements et principes directeurs, les entreprises visées, ainsi que les avantages et défis qui en découlent. Enfin, nous partagerons quelques conseils pratiques pour faciliter la transition vers cette nouvelle ère du reporting de durabilité.
Cette nouvelle réglementation, officiellement nommée (UE) 2022/2464, a pour objectif d'harmoniser le reporting de durabilité des entreprises et d'améliorer la disponibilité et la qualité des données ESG (environnementales, sociales et de gouvernance) publiées.
Cette directive, signée le 21 juin 2022 et votée au Parlement en novembre 2022, est un élément clé du Pacte Vert pour l'Europe et est liée à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Elle vise à donner autant d'importance à la dimension durable qu'à la dimension économique des activités des entreprises.
Les entreprises concernées devront désormais publier un bilan ESG en plus de leur bilan financier, dans une section dédiée du rapport de leur gestion.
Les principaux changements introduits par la CSRD en comparaison de la directive Non-financial Reporting Directive (NFRD) de 2014 qu’elle remplace sont :
Les entreprises sont tenues de déclarer des informations qualitatives et quantitatives relatives à :
Les ESRS, European Sustainability Reporting Standards, sont un des piliers majeurs de la CSRD. Ils dictent la méthode de reporting pour toutes les entreprises et permettent ainsi d'harmoniser les publications pour les rendre plus transparentes et facilement comparables. Il existe 12 ESRS, couvrant les 3 thématiques ESG : environnementale, sociale et de gouvernance.
Des douze normes de reporting établies, cinq se concentrent sur les enjeux environnementaux, y compris une norme dédiée au changement climatique (ESRS E1). L'objectif de cette norme est, en particulier, d'examiner l'impact, qu'il soit positif ou négatif, des activités de l'entreprise sur le changement climatique. Elle vise également à évaluer les actions entreprises par l'entreprise pour atténuer le changement climatique dans le passé, le présent et l'avenir, dans le but de se conformer à l'Accord de Paris et à son objectif de maintenir l'augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 degré. De plus, cette norme cherche à identifier les conséquences financières à court, moyen et long terme liées aux impacts du changement climatique sur l'entreprise et à sa dépendance vis-à-vis de ce dernier.
La norme relative au changement climatique intègre neuf exigences en matière de divulgation (Disclosure Requirements ou DR), parmi lesquelles figure l'exigence de communiquer sur les émissions de gaz à effet de serre de l'entreprise, couvrant les scopes 1, 2 et 3. Elle inclut également la nécessité de divulguer le plan de transition de l'entreprise visant à réduire l'impact sur le changement climatique, ainsi que la divulgation des mesures d'atténuation et d'adaptation prises par l'entreprise et les ressources dédiées à ces actions.
La CSRD introduit également le concept de double matérialité, qui prend en compte les impacts positifs et négatifs des enjeux de durabilité sur les performances financières de l'entreprise (matérialité financière) et les impacts positifs et négatifs de l'entreprise sur son environnement économique, social et naturel (matérialité d'impact). Cette analyse de double matérialité doit permettre à l'entreprise d'identifier les principales thématiques sur lesquelles l'environnement extérieur ou ses activités représentent des impacts, des risques ou des opportunités en matière de durabilité ESG, et qui devront figurer dans le reporting extra-financier de l'entreprise.
La directive CSRD s'applique à un large éventail d'entreprises, allant des grandes entreprises aux entreprises de taille intermédiaire. À partir du 1er janvier 2024, les grandes entreprises remplissant au moins deux des critères suivants seront tenues de respecter les exigences de la CSRD : plus de 500 salariés, plus de 40 millions d'euros de chiffre d'affaires, plus de 20 millions d'euros de total de bilan. À partir du 1er janvier 2025, les autres grandes entreprises remplissant au moins deux des critères suivants seront également concernées : plus de 250 salariés, plus de 40 millions d'euros de chiffre d'affaires, plus de 20 millions d'euros de total de bilan. Enfin, à partir du 1er janvier 2026, avec une possibilité de report en 2028, les PME cotées en bourse (sauf les micro-entreprises) seront également soumises à la directive CSRD.
Au total, plus de 50 000 entreprises en Europe seront concernées par la CSRD, ce qui représente une augmentation significative par rapport à la précédente directive. Bien que la CSRD s'applique uniquement aux entreprises de l'UE et aux sociétés non européennes ayant un intérêt commercial significatif dans l'UE, les entreprises du monde entier s'efforcent de faire progresser leurs efforts en matière de développement durable. Dans ce contexte, le moment est venu d'accélérer les démarches de développement durable, de renforcer la transparence et la responsabilité des entreprises en matière de durabilité, et de contribuer à orienter l'afflux de capitaux vers des projets durables.
Même si votre entreprise ne remplit pas encore les critères de la CSRD, il est important de commencer à vous familiariser avec les exigences de la directive, en particulier si vous êtes une entreprise de plus de 10 salariés. Les petites entreprises seront également concernées à l'avenir, il est donc important de se préparer dès maintenant.
Une bonne nouvelle pour le climat
La CSRD constitue une avancée significative pour la lutte contre le changement climatique. En obligeant un grand nombre d'entreprises à produire des rapports détaillés sur leurs impacts écologiques, cette directive les incite à adopter une démarche de développement durable. Elle permet également à l'ensemble des parties prenantes de reconnaître les entreprises les plus performantes sur ce plan, au-delà de la simple dimension financière, et de mieux se préparer aux risques climatiques à venir.
La transparence, la précision et l'accessibilité des informations liées à la durabilité des entreprises contribuent par ailleurs à instaurer une relation de confiance avec les consommateurs. En effet, l'une des finalités de la CSRD est de lutter contre le greenwashing et de garantir la véracité des avancées des entreprises en matière de développement durable.
En somme, la CSRD constitue un levier important pour encourager les entreprises à adopter des pratiques plus respectueuses de l'environnement et pour renforcer la confiance des parties prenantes dans leur engagement en faveur du développement durable.
Avantages pour la transparence, la confiance et la RSE
Les entreprises engagées dans une démarche RSE ont une meilleure compétitivité et rétention des talents, mais font aussi des économies financières sur les ressources non renouvelables. Même pour les organisations qui ne sont pas tenues de se conformer à la CSRD, l’adoption de pratiques de développement durable plus solides présente d’innombrables avantages. L'adoption de pratiques durables se révèle bénéfique non seulement pour la préservation de notre planète, mais constitue également une stratégie avantageuse sur le plan commercial.
Pénalités
Les pénalités financières pour une non-conformité à la CSRD peuvent varier de quelques milliers d'euros à plusieurs millions d'euros, selon la gravité de l'infraction. Les sanctions administratives peuvent inclure des ordres de correction, des avertissements et des interdictions d'exercer certaines activités. Des poursuites judiciaires peuvent également être engagées, entraînant des condamnations pénales telles que des peines d'emprisonnement ou des amendes. Il convient de noter que la CSRD est une directive, ce qui signifie que les États membres ont une certaine marge de manœuvre pour définir les sanctions applicables aux entreprises qui ne se conforment pas à cette directive. Cependant, ils doivent s'assurer que les sanctions sont suffisamment efficaces et dissuasives pour garantir une conformité réelle.
Les sanctions en cas d'infraction sont définies par chaque État membre. En France, par exemple, les sanctions suivantes sont prévues :
Pour se préparer à la mise en œuvre de la CSRD, les entreprises peuvent suivre les étapes suivantes :
En suivant ces étapes, les entreprises peuvent se préparer efficacement à la mise en œuvre de la CSRD et améliorer leur performance en matière de durabilité.
Vous êtes maintenant informés sur ce que la CSRD implique. Cette directive de l'Union européenne constitue un jalon crucial pour l'engagement environnemental de nombreuses sociétés, en visant notamment celles qui avaient précédemment échappé à une surveillance rigoureuse. Tandis que les entreprises déjà régies par la NFRD devraient être relativement bien préparées, les 40 000 autres entités maintenant assujetties à cette directive pourraient ne pas l'être autant. Il est donc essentiel pour ces entreprises d'anticiper et d'évaluer sans tarder les impacts et les risques de leurs opérations sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
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